Exploration Orbite (Tor., ORT.A) pourrait devenir, d'ici quelques années, le principal fournisseur d'alumine de la province. Forte d'un procédé novateur de production d'alumine à partir de l'argile de la Gaspésie, la petite société a de grands projets pour la région : créer 400 emplois d'ici deux ou trois ans, puis 2 000 d'ici cinq ans, et réaliser des investissements de 100 à 300 millions de dollars.
L'entreprise doit d'abord démontrer aux investisseurs que son procédé peut fonctionner à l'échelle commerciale. Pour y parvenir, elle vient de démarrer la production d'alumine à son usine pilote de Cap-Chat.
Personne n'avait encore réussi à produire de l'alumine à partir d'argile. Dans les alumineries du Québec, l'alumine provient de la transformation de la bauxite, issue des gisements brésiliens et jamaïcains.
Orbite assure avoir trouvé la solution. " D'ici cinq ou six ans, on pense être capable de produire annuellement six millions de tonnes d'alumine métallurgique, assez pour fournir la matière première à toutes les alumineries du Québec ", dit le pdg, Richard Boudreault. Défi de taille : les usines québécoises produisent 12 % de l'aluminium mondial. L'entreprise possède les droits d'exploration sur 3 500 hectares riches en argile, près de Murdochville. Au terme de son mandat, elle compte ouvrir jusqu'à quatre usines de production d'alumine, réparties dans le vaste gisement.
Métal stratégique
Orbite veut aussi vendre de l'alumine " ultra-pure ", à au moins 99,9999 %. Ce matériau de spécialité est utilisé dans des applications de haute technologie, comme la fibre optique à large bande passante et les ampoules à diode électroluminescente (DEL, ou LED en anglais), la technologie d'éclairage censée remplacer les fluocompactes à long terme. Le prix de ce produit atteint maintenant 300 $ le kilo. " On espère, d'ici deux ou trois ans, produire cinq tonnes d'alumine ultra-pure par jour ", dit Richard Boudreault.
Le pdg de 53 ans, qui figurait parmi les 17 aspirants astronautes de l'Agence spatiale canadienne en 1983, est d'ailleurs un spécialiste du démarrage d'entreprises de haute technologie et de matériaux avancés. Il a notamment oeuvré chez 5N Plus, un fabricant de métaux pour panneaux solaires et diverses applications électroniques.
Afin de financer la construction de sa première usine commerciale, Orbite a besoin de " 100 à 300 millions de dollars ", dit-il. La fourchette est large, parce que l'entreprise n'a pas encore déterminé la taille de son usine. " On étudie des plans pour construire une usine qui produira de 500 à 3 000 tonnes par jour ", précise le pdg. Pour trouver les fonds nécessaires, il dit être " en discussion avec certains grands conglomérats bancaires internationaux " relativement à un prêt couvrant au moins 80 % du budget. Pour le reste, Orbite prévoit réaliser un autre appel public à l'épargne, mais ce ne sera pas avant plusieurs mois. La hausse marquée de son titre boursier depuis un an devrait l'aider à séduire d'autres investisseurs.
Procédé breveté
Au coeur de la stratégie d'Orbite : son procédé, breveté au Canada et aux États-Unis. Grâce à l'évolution des technologies de membranes, l'entreprise est maintenant capable de séparer l'alumine du reste des minéraux contenus dans l'argile gaspésienne. " Ça nous permet de penser à vendre des licences pour la technologie dans d'autres pays ", dit Richard Boudreault.
Selon lui, le procédé d'extraction est très peu polluant, malgré l'utilisation d'un acide. " Il sera complètement neutralisé à la fin de la réaction chimique, dit-il. On va pouvoir produire notre alumine et replacer l'argile dans son lieu d'origine après. "