Par Bruno Genest
Chronologie d’une prise de bec publique.
Les mises en chec, c’est gnralement la chasse-garde de la section Sports, La Presse. Mais l’hiver dernier, a s’est un peu violemment pris partie dans la section… conomie! On parle bien sr de la joute qui s’est droule, par chroniques interposes, entre le chroniqueur Michel Girard et le chroniqueur invit Clment Gignac, ci-devant chef de la Financire Banque Nationale. Chronologie de la bataille.
Premier pisode
Le premier pisode du feuilleton a eu lieu le 10 fvrier dernier. Girard propose ses lecteurs une chronique intitule «Les analystes sont-ils achets ou vendus?» en page F4. L’article raconte les dboires d’un analyste financier amricain congdi par son employeur parce qu’il recommandait ses clients de se dbarrasser de leurs titres bancaires. La conclusion abordait la situation au Canada, o une analyse systmique dmontrait que «nos» analystes taient frileux lorsque venait le temps de recommander la vente d’actions d’une entreprise.
Dans la mme page que Michel Girard, Denis Arcand, relve que le terme «vendez» a t utilis pour 823 recommandations trouves dans les annuaires de la Financire Banque Nationale, BMO Nesbitt Burns (Banque de Montral) et Dominion Securities (Banque TD). Arcand a tent en vain d’entrer en communication avec son «collgue» Clment Gignac… dont la chronique se trouvait dans les mmes pages.
Deuxime pisode
Le 17 fvrier, Girard trace le bilan de la chute du titre de Nortel aprs la rvision la baisse des prvisions de revenus de l’entreprise par le chef de la direction de l’entreprise, John Roth. Le chroniqueur dnonce les anaystes qui, comme les investisseurs, faisaient partie des «cocus de Nortel». Girard met en vidence l’cart entre le cours cible des spcialistes quelques semaines avant l’avertissement de la direction de l’entreprise et le prix atteint par l’action la suite de la dfection des investisseurs. L’un des analystes cibls est Benoit Chotard, de la Financire Banque Nationale.
Troisime pisode
Le lecteur a droit l’artillerie lourde de la part de Michel Girard qui, dans sa chronique du 24 fvrier, accuse les gourous de la Financire Banque Nationale, Clment Gignac en tte, d’avoir laiss leurs clients acheter des actions de Nortel un prix trop lev. La chronique de Gignac, parue la mme journe, traite de la chute du titre de l’entreprise canadienne et de ses impacts sur le rendement de la Bourse de Toronto. videmment, Gignac ne peut rpondre la chronique de son «collgue» journaliste avant de la lire dans le journal.
Quatrime pisode
Gignac rplique avec une attaque de son cru, dans sa chronique du 10 mars. Il reprend alors le contenu d’une chronique de Girard crite l’automne et dans laquelle il affirmait que «[…] dans ce contexte risqu, Nortel Networks reprsente un des meilleurs achats de son secteur, et ce, malgr le fait qu’il se ngocie presque 3 fois son plus bas prix des 12 derniers mois». L’analyste rappelle alors Girard que le titre qui valait 103,75 $ la veille de la parution de sa chronique se ngociait 65,50 $, la semaine suivante.
Cinquime pisode
Le syndicat dpose un grief contre M. Gignac la suite de la chronique du 10 mars.
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Bruno Genest est journaliste au journal Les Affaires.
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Vol. 25, no 6, juin 2001