L'action de Rona a entamé la séance d'hier à 11,25$, en baisse de 12%, et a clôturé à ce niveau après avoir fluctué entre 11,13$ et 11,95$.
Le retrait de l'offre de Lowe's est sûrement un facteur négatif quant aux perspectives du titre de Rona, car il élimine les acheteurs dont la justification était la possibilité d'une prise de contrôle, explique Marc Gagnon, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance.
Plusieurs actionnaires de Rona ont pu être motivés par ce facteur, car dès avril 2012, les dirigeants de Lowe's avaient signalé que Rona constituait pour eux une cible très intéressante. Quatre mois plus tard, soit le 8 juillet, ils déposaient une offre pour la totalité de ses actions.
C'est d'ailleurs à compter d'avril que le cours de Rona avait décollé. C'était après avoir chuté de 17$ à 8,50$ durant les deux années précédentes, clairement à contre-courant de l'ensemble du marché boursier.
Maintenant que la possibilité d'une prise de contrôle est en grande partie écartée, que pensent les gestionnaires des perspectives du titre?
Au cours actuel, même après la baisse d'hier, les actions de Rona n'intéressent guère le gestionnaire de l'Industrielle Alliance. Il avait bâti une position entre 9$ et 10$ en début d'année et l'avait ensuite vendue lorsque le titre est passé au-dessus de 11$. C'était avant l'offre de Lowe's, et cela atteignait l'objectif qu'il avait établi à la suite d'une évaluation exhaustive des résultats de l'entreprise. «Pour l'instant, rien ne justifie de refaire l'évaluation», dit-il.
Des profits qui stagnent
Bien que Rona soit une parmi plus de 500 entreprises dont il garde un oeil sur les résultats, celle-ci n'apparaît pas sur le radar rapproché de François Rochon, président de Giverny Capital, une firme de gestion de portefeuilles de Montréal. «Un de nos critères de sélection est la croissance des profits et ceux de Rona stagnent depuis plusieurs années», dit-il.
Bien souvent, lorsqu'une entreprise fait l'objet d'une prise de contrôle, c'est qu'elle est inefficace, explique Richard Guay, professeur de finances à l'UQAM, et ex-haut dirigeant de la Caisse de dépôt et placement du Québec. «L'acquéreur croit qu'il pourra améliorer la performance de l'entreprise», dit-il.
Bien que le secteur de la rénovation se veuille porteur à moyen terme, Rona est une entreprise qui végète, constate M. Guay. «Sur cinq ans, ses résultats sont décevants», dit-il. Dans ce contexte, les perspectives pour le titre sont plutôt ordinaires, selon lui.
Le fait que Lowe's retire son offre n'est certainement pas favorable aux actionnaires de Rona, croit M. Duguay. «Il y a une valeur au fait d'être courtisé, et Rona l'a certainement perdue», dit-il.
Retour à la case départ
Le cours de l'action de Rona va maintenant s'ajuster à la nouvelle information que possèdent les investisseurs. Toutefois, cela ne se fera pas instantanément, et le titre pourrait être volatil pendant quelque temps, comme l'indique la fourchette des variations de la séance d'hier.
En effet, dans les cas d'offres hostiles, comme celle de Lowe's, les spéculateurs sont nombreux à tenter d'en tirer profit, explique Bradley Semmelhaack, gestionnaire de portefeuilles chez Gestion Cristallin, un hedge fund montréalais.
Plusieurs ont misé sur le fait que la transaction se concrétiserait, certains autres qu'un prix supérieur serait offert, et d'autres qu'elle échouerait. Les spéculateurs qui ont misé sur le succès de la transaction doivent maintenant vendre les actions qu'ils ont achetées. Ceux qui ont parié contre ont des positions à découvert à couvrir. Ce processus est en cours, et déjà hier le cours de l'action se rapprochait du prix d'avant l'offre de Lowe's, note M. Semmelhaack.
Mais qui sait si certains ne miseront pas bientôt sur une nouvelle tentative de Lowe's. À la Bourse, les surprises ne manquent pas.