Les hésitations russes en Guinée UC RUSAL a l’intention durant six ans d’exploiter le plus important gisement de bauxites de Guinée et de construire une usine d’alumine. Les plans de la société ont fortement surpris les experts : elle possède déjà là-bas une usine à l’arrêt : Friquia. Selon les spécialistes, la production d'alumine est plus prometteuse en Russie à partir de déchets de production et de minerais pauvres. La technologie a été déjà dument testée durant l’Union Soviétique mais UC RUSAL préfère collaborer avec des étrangers. Dans le passé, comme l’a appris l’observateur de "RusBusinessNews", les projets à l’étranger aidaient les sociétés à optimiser leur imposition et à évacuer leur bénéfice dans des offshores.
UC RUSAL a l’intention d’exploiter le plus important gisement du monde de bauxites "Dian-Dian" en quatre étapes. Durant la première étape, il sera construit une mine d’une capacité de 3 millions de tonnes par an, la seconde – augmenté l’extraction de bauxites jusqu’à 9 millions de tonnes, la troisième et la quatrième – planification de la construction et augmentation de la capacité de l’usine d’alumine. Si ses plans sont réalisés, UC RUSAL extraira vers 2019 en Guinée 12 millions de tonnes de bauxites et elle produira 2,4 millions de tonnes d’alumine.
L’accord signé par la société avec le pays africain a provoqué des réactions différentes chez les experts. La direction d’UC RUSAL a annoncé plusieurs fois que dans la crise il était moins chers d’acheter de l’alumine sur le marché que dans ses propres usines. Le surplus de matière première dans le monde ne permet pas à la société de démarrer l'usine d’alumine de Friquia qui a été arrêtée en avril 2012 après la grève des employés. Les nouvelles ententes avec les autorités guinéennes sur l’augmentation de la production d’alumine ont pratiquement coïncidé avec le départ de l’anglais – autrichien BHP Billiton du projet d’alumine en Guinée : la corporation a vendu son business pour seulement un dollar.
Outre des problèmes économiques, il existe chez les sociétés métallurgiques en Guinée d’énormes risques politiques : les autorités de ce pays changent assez souvent les propriétaires des entreprises d’extraction. Par exemple, le gouvernement a résilié la concession avec la britannique Rio Tinto pour l’extraction de minerai de fer et il a revendu les actifs à une autre société.
Le russe peut également avoir des problèmes : les guinéens maintiennent la société d’Oleg Deripaska sous pression constante en menaçant de nationaliser les mines. Malgré cela et également le durcissement des règles d’extraction des minerais, la direction d’UC RUSAL croit dans le bon sens des autorités guinéennes.
Le vice-premier ministre du gouvernement de la région de Sverdlovsk Aleksandr Petrov conseille à la société de bien réfléchir avant d’augmenter sa production de bauxites en Afrique : "Il existe un bon dicton russe : "Une génisse au-delà des mers d’un quart de kopeck, un rouble pour la transporter". Les bauxites sont bien sûr moins chères en Guinée mais l’on peut tout perdre dans ce pays instable. J’espère que la direction de la société le comprend".
La signature de l’accord avec la Guinée se marie mal avec la dernière déclaration du premier adjoint du directeur général d’UC RUSAL Vladislav Soloviev sur la mise en valeur prioritaire des gisements sur le territoire russe. Au printemps 2012, les producteurs d’aluminium ont signé un mémorandum avec la société canadienne Orbite Aluminae qui élabore actuellement une technologie pour obtenir de l’alumine avec un procédé acide à partir d’argile kaolinitique et d’autres minerais pauvres. Deripaska a décidé de l’acquérir et de construire une usine en Sibérie Orientale où il y a des ressources suffisantes de matières premières pour la production d’alumine. La réalisation de ce projet, a promis V. Soloviev, permettra de se passer des bauxites importés.
Cependant, le paradoxe consiste en ce que l’Institut russe d’aluminium et de magnésium (VAMI) qui appartient aujourd’hui à UC RUSAL s’occupait déjà durant l’Union Soviétique du traitement de l’argile kaolinitique avec un moyen acide et qu’elle avait reconnu sans avenir cette technologie. Les collaborateurs de l’institut ont annoncé à l’observateur de "RusBusinessNews" qu’Orbite n’avait créé aucune nouvelle technologie et qu’elle répète seulement ce qu’il y avait du temps de l’URSS. Les scientifiques pensent que ce sont des personnes incompétentes qui soulèvent ce thème : il est impossible d’obtenir des millions de tonnes d’alumine métallurgique à partir d’argile kaolinitique – il ne peut s’agir que d’une petite production d’alumine de haute pureté utile pour la fabrication de pierres synthétiques semi-précieuses. Ce n’est pas un hasard si la société canadienne d’aluminium Alcan (depuis 2007 faisant partie de Rio Tinto) n’a pas été intéressée par cette technologie.
La préférence est donnée aujourd’hui aux bauxites qui ont un contenu supérieur d’oxyde d’aluminium. Mais on peut faire de l’alumine à partir du sol de charbon, d’argile sulfurée, à partir de concentrés néphéliniques ou de minerais dont les gisements se trouvent en Russie. Les expériences de VAMI ont montré que si l’on a une approche complexe du traitement des concentrés néphéliniques et que l'on obtient en plus du ciment, du gallium et de la soude, alors la production d’alumine à partir de déchets de production d’engrais minéraux sera moins chère qu’à partir de bauxites.
La technologie a été testée à Pikalevo et l’on a construit sur sa base une production sans déchets. Mais en 2004 la chaîne a été cassée en formant à la place d’un seul complexe des productions indépendantes : d’alumine, de ciment et de soude - potasse. Les trois entreprises ont été fermées après trois ans – comme le pensait le premier ministre russe de l’époque Vladimir Poutine, à cause de l’avidité des propriétaires. La SA de type fermé "Eurociment Groupe", propriétaire de "Ciment de Pikalevo", a décidé de remplacer la technologie et Oleg Deripaska a commencé à produire du ciment au lieu d’alumine. Et il a interdit aux "concurrents" d’utiliser les voies d’accès. La production de soude après l’arrêt de l’usine d’alumine a chuté d’elle-même.
Les experts regrettent beaucoup que cette privatisation irréfléchie ait détruit cette belle technologie prometteuse : il y a en Russie d’énormes réserves d’engrais phosphatiques et de minerais néphéliniques. Il est peu probable que l’on puisse rétablir cette production sans déchets : les entrepreneurs modernes n’ont pas besoin d’autant de ciment qui s’obtient dix fois plus à partir de concentré néphélinique qu’à partir d’alumine. Personne ne veut perdre un euro pour le ciment tout comme pour l'alumine. Et les structures d’O. Derispaska ne veulent encore moins payer des impôts et c’est pour cela que des projets d’extraction de bauxites en Guinée apparaissent.
En 2012, les analystes occidentaux avaient affirmé dans les médias, à la veille de l’examen de la plainte dans un tribunal britannique "Tchernoy contre Deripaska", que les juges avaient vu dans les contrats de tolling utilisés par UC RUSAL une infraction de la législation russe. Ils ont conclu que c’était pour éviter la taxe sur la valeur ajoutée lors de la transformation de l’alumine en aluminium en Russie. Selon les suppositions des experts, la présence de capacités d’alumine à l’étranger a permis à O. Deripaska de construire une formation du prix à l’intérieur de la corporation de façon à ce que le bénéfice des actifs de production soit dans des sociétés offshores lui appartenant personnellement.