Les cinq membres du CA de Diagnocure, une biotech de Québec, ont été réélus hier lors de l'assemblée annuelle. Le groupe de l'Américain Todd Axelrod, un actionnaire mécontent de la gestion de l'entreprise depuis des années, a tenté sans succès de faire élire au CA trois candidats, qui ont obtenu environ trois fois moins de votes que les candidats réélus.
Les deux clans reconnaissent que ce duel électoral pourrait être le dernier. Au rythme actuel, Diagnocure, qui veut commercialiser deux tests pour le cancer de la prostate et le cancer colorectal, a des liquidités pour durer deux ans.
L'horloge avance
«L'horloge avance rapidement. Au rythme actuel, vous avez un an devant vous [avant une dilution d'actions ou une offre d'achat]», dit Pierre Dozois, avocat au cabinet BCF et l'un des trois candidats ayant tenté sans succès de se faire élire au CA.
Les actionnaires mécontents aimeraient notamment que l'entreprise réduise ses dépenses et fasse plus activement sa promotion.
Le CA, qui cherchera bientôt à engager un PDG à temps plein, n'est pas d'accord. «Il y a une contradiction entre nous demander d'en faire plus et de dépenser moins», dit le Dr Yves Fradet, réélu hier à la présidence du CA et qui agit aussi comme président et chef des affaires médicales. Au fil des ans, Diagnocure est passée d'une soixantaine à 12 employés à Québec.
Rodrigue Picard, un petit actionnaire de Québec qui est un habitué des assemblées annuelles, estime que l'entreprise ne communique pas assez. «Il y a des grandes périodes où on n'a pas de nouvelles», dit-il.
«Nous sommes conscients que l'horloge avance, nous comprenons la frustration des actionnaires, et c'est notre intention de communiquer davantage», a répondu Yves Fradet, qui a cofondé Diagnocure à Québec en 1994.
En 2012, l'entreprise a pourtant eu une grande nouvelle à annoncer à ses actionnaires: son test diagnostique pour le cancer de la prostate a été approuvé pour commercialisation aux États-Unis. Mais quelques mois plus tard, le partenaire qui devait le commercialiser, Gen-Probe, a été acheté par une autre entreprise, Hologic, celle-là spécialisée dans les tests pour la santé de la femme. Un retard dont se serait bien passé Diagnocure. «Mais ce qui est important, c'est qu'il y a maintenant un focus [sur le test de Diagnocure chez Hologic]», dit Yves Fradet.
Rachat à bas prix ?
Autre hypothèse abordée hier par un actionnaire: Hologic pourrait-elle être tentée d'attendre une autre baisse du titre de Diagnocure pour l'avaler avec une offre d'achat au lieu de commercialiser son test et lui payer des redevances? «C'est hypothétique, a répondu Yves Fradet. M. Axelrod a propagé [cette hypothèse] il y a plusieurs années. Ça reste une possibilité.»
Pour l'instant, Diagnocure a généré des pertes nettes de 3,7 millions sur des revenus de 2,5 millions en 2012. Hier, le titre s'est apprécié de 4,7% (1,5 cent) pour clôturer la séance à 33,5 cents à la Bourse de Toronto. Le titre a perdu 54% de sa valeur depuis un an et 83% depuis cinq ans. À son sommet en 2001, il valait environ